Le blog de Yannick LE MOING

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Jean-Victor Moreau - par Bernard Le Nail

Publié par Yannick Le Moing sur 14 Juillet 2010, 09:26am

Catégories : #Histoire

300px-Bataille de Hohenlinden

 

Un livre de Marcel Coz vient dêtre consacré à Jean-Victor Moreau, meneur des étudiants en droit de Rennes à la veille de la Révolution et futur grand général des armées de la Révolution.

 

      Né à Morlaix en 1763, Jean-Victor Moreau est un des grands hommes de l'histoire de Bretagne qui mérite vraiment d'être  beaucoup mieux connu de tous.

 

      Fils d'un avocat de Morlaix, il vint étudier le droit à Rennes et il était prévôt des étudiants en 1788 et 1789 quand l'agitation pré-révolutionnaire se développa dans la ville. Après l'annonce de la tenue prochaine des Etats-Généraux et du doublement des députés du Tiers-Etats par arrêt du Conseil du Roi en date du 20 janvier 1789, une émeute se développa à Rennes les 26 et 27 janvier 1789.

Jean-Victor Moreau, rentré de Versailles et de Paris, plus glorieux que jamais d'avoir été reçu comme délégué des étudiants de la faculté de droit de Rennes par le Roi Louis XVI, n'obtint son salut lors de la journée du  26 janvier qu'en se réfugiant dans une boutique.

Le lendemain 27 janvier, lors des affrontements sanglants place du parlement de Bretagne entre les patriotes étudiants en droit et les jeunes nobles bretons, il vit, selon les mots de François-René de Chateaubriand présent ce jour là dans le camp opposé et transcris dans les mémoires d'outre- tombe, " couler le premier sang de la Révolution ". 

 

      A 27 ans, en 1790,  Jean-victor Moreau fonde la fédération de la jeunesse bretonne à Pontivy et préside le fête de la Fédération en janvier et février.

L'année suivante, il s'engage comme volontaire dans les armées révolutionnaires et est élu le 11 septembre Lieutenant-Colonel du 1er bataillon des volontaires d'Ille et Vilaine et mène ses hommes dans l'Armée du Nord.

IIl dut à son courage et au soutien de Pichegru, sous les ordres duquel il servit, un avancement rapide:

en 1793, à 30 ans, il parvint au grade de général de brigade et, en 1794, à celui de général de division.

 

      Moreau combat en Hollande et, en 1795, prend le commandement de l'Armée du Nord et devient l'année suivante Commandant en chef de l'Armée du Rhin et de la Moselle avec Desaix et Gouvion Saint Cyr comme lieutenants.

Il franchit le Rhin dans la nuit du 23 au 24 juin 1796 à Khel dont Desaix s'empare.

Il attaque ensuite l'armée de l'archiduc Charles d'Autriche et le bat à Stuggart où Gouvion Saint Cyr pénètre le 21 juillet.

En 1797, il fût  déchargé de son commandement pour avoir tardé à informer le Directoire des agissements anti-républicains de Pichegru .

Il  retrouva cependant un commandement en 1799 à la tête des Armées d'Italie et de Naples et effectua plusieurs retraites qui économisent ses soldats devant le général russe Souvarov. 

 

      Moreau revint à Paris début octobre et rencontra Sieyès qui se préparait à renverser le Directoire et qui cherchait "une épée " pour effectuer son coup d'Etat.

Par prudence et timidité, il déclina la proposition de Sieyès et, apprenant le débarquement de Bonaparte de retour d'Egypte à Fréjus le 9 octobre lui conseilla de faire appel à ce général.

Le 15 brumaire ( 6 novembre 1799), les deux assemblées offrirent en commun un grand repas à Moreau et à Bonaparte pour les remercier " des services rendus à la patrie ".

Lucien Bonaparte, président du conseil des Cinq-Cents porta un toast remarqué au "Scipion et au Fabius français". 

 Moreau aide alors Bonaparte à faire le coup d'Etat du 18 brumaire en prenant la tête d'un fort détachement chargé de maintenir l'ordre. 

En remerciement, Bonaparte le nomme commandant des Armées du Rhin et d'Helvétie.

Le 3 décembre 1800, il remporte la belle victoire d'Hohenlinden face à l'armée autrichienne et se porte ensuite sur Vienne pour conclure l'armistice avec l'Autriche.

 

      Sa popularité et son désaccord croissant avec Bonaparte en firent un rival dangereux pour ce dernier qui, jaloux, le met en "non-activité" le 23 septembre 1801;

Moreau se retire alors dans sa propriété de Grosbois ( près de Boissy Saint léger ).

La conspiration de Cadoudal et Pichegru, à laquelle il était complètement étranger, servit de prétexte en 1804 pour le faire arrêter, enfermé dans la prison du temple, rayer des cadres de l'armée et condamner à deux ans de prison, mais, plutôt que d'en faire un martyr, Napoléon préféra en définitive l'éloigner en le bannissant de France et Moreau fut autorisé à passer aux Etats-Unis en 1805.

 

      Moreau débarqua à Philadelphie avec sa femme et ses deux enfants où il fût accueilli avec enthousiasme:

une foule se pressait sur les quais et plusieurs députés et sénateurs étaient venus le saluer, à leurs paroles de bienvenue, il répondit en s'inclinant, car à ce moment, il ne parlait pas un mot d'anglais.

Il s' établit à Morisville dans le New Jersey ( entre New-York et Philadelphie ) et y mena une vie de " gentleman farmer " pendant huit ans.  

Pendant sa "retraite forcée", il reçu des échos de la situation en France et du désastre de la campagne de Russie ainsi que plusieurs visites de l'ambassadeur de Russie aux Etas-Unis qui lui proposait de la part du tsar Alexandre Ier, un poste de conseiller. 

Un poste que Moreau refusa dans un premier temps mais qu'il finit, au nom d'une certaine idée  de la France, par accepter après que son ancien condisciple et toujours ami Bernadotte, général de la Révolution française et prince héritier de Suède depuis 1810, l'ait convaincu de la nécessité d'oeuvrer à la survie de la France dans le désastre militaire et politique qui s'annonçait.

 

      En 1813, à l'âge de 50 ans, il se "rembarqua" et débarqua en Suède le 27 juin, où il retrouva Bernadotte qui l'envoya au quartier général russe.

Moreau arriva à Prague le 17 août et fût accueilli par les empereurs de Russie et d'Autriche plus le Roi de Prusse et flatté par eux, il coopèra aux plans de bataille contre Napoléon.

Le 27 août se déroula  la bataille de Dresde; Moreau se tenait au milieu de l'Etat-Major des alliés coalisés aux côtés du Tsar Alexandre Ier lorsqu'un boulet français lui fracassa le genou droit et le mollet gauche.

Amputé et transféré à Lahn, il y décèda 6 jours plus tard, le 2 septembre 1813.

 

      Jean-Victor Moreau eut droit à de prestigieuses obsèques à Saint-Petersbourg dans l'église catholique de la capitale russe, Sainte-Catherine, où l'on peut toujours voir son tombeau:

en tête et au pied de son cercueil subsistent des plaques ouvragées, en métal doré, avec des inscriptions en langue française; sur la plaque au pied, il est gravé :

 

" Guide de l'éternité (sic), il ne vécut sur cette terre que pour mourir dans la carrière qui mène à l'immortalité ".

         

                                                                                                             Bernard Le Nail (1946-2010)

                                                                                                             Erudit - Editeur 

                                                                                                             Edition les portes du large  

                                                                                                             ancien directeur de l' Institut

                                                                                                             Culturel de Bretagne.

                                                                                                                         

 

Lors de la Restauration, le Roi Louis XVIII enverra à sa veuve le bâton de Maréchal de France.

Le général Moreau eut un frère cadet avec qui il vécut à Rennes durant les études de droit, Joseph Moreau, homme politique, né à Morlaix en 1764 et mort à Morlaix en 1849 à l'âge de 85 ans.

Avocat, et il fût, sous la Restauration administrateur général des Postes, député d'Ille et Vilaine en 1816 puis préfet de Lozère et de la Charente.  

 

 

 

 

 

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